De la petite boutique de nouveautés qu'il avait achetée me du Bac en 1852, Aristide Boucicaut fit rapidement, avec l'aide de sa femme, le premier grand magasin de France - Le Bon Marché.

La Samaritaine. Les figures des fondateurs du magasin Le Bon Marché ont bien des points communs avec celles de M. et Mme Cognacq-Jay, fondateurs de la Samaritaine: même début de carrière modeste mais acharnée, même sens du travail et des affaires, même idéal social. Louise Jay, avant d'épouser Ernest Cognacq, travaillait comme première vendeuse au Bon Marché. De son côté, Ernest vendait sa marchandise sous un grand parapluie rouge dans la corbeille de la deuxième arche du Pont-Neuf. C'est en souvenir de cet emplacement, à l'entrée du Pont-Neuf, là où autrefois s'élevait la pompe à eau La Samaritaine, qu'il baptisa le 21 mars 1870 son premier magasin de tissus.

Louise Cognacq-Jay savait vendre: «Vous voulez une robe qui vous aille bien? dit-elle à une cliente. Allez d'abord vous acheter un corset. On ne peut pas vous habiller comme il faut fagotée comme vous l'êtes». D'une pierre deux coups, elle vend la robe et le corset.

L'argent que ce couple gagne et dont il n'a pas besoin, il en fait bénéficier les employés à une époque où l'Etat ne prend pas encore en charge les allocations familiales et les assurances: Cognacq-Jay créent une maternité, une maison des retraités, une crèche, un orphelinat, un centre d'apprentissage, etc., et lèguent à la ville de Paris des chefs-d'oeuvre artistiques.

Le Printemps. La première construction du Printemps date de 1864, oeuvre de l'architecte Jules Sédille pour le compte du fondateur Jules Jaluzot. Un incendie en 1881 va permettre au fils de l'architecte, Paul Sédille, de construire la première façade de type «mur-rideau»: celle-ci ne porte rien, c'est le rôle des piliers métalliques.

C'est en 1905 que René Binet confirme ses talents conjugués d'architecte et de décorateur: escaliers, ascenseurs, verrières, tout est prétexte à la décoration et à la splendeur pour le plaisir des yeux.

Le Bazar de l'Hôtel de Ville. Xavier Ruel loue en 1856 une boutique au coin des rues de Rivoli et des Archives, qu'il nomme le Bazar Napoléon. En 1870, politique oblige, le nom se transforme en Bazar de l'Hôtel de Ville. Avant de se décider pour cet emplacement, Xavier Ruel avait fait ce qu'on appellerait aujourd'hui «étude de marché». Disposant des vendeurs à différents emplacements de la ville pour vendre toutes sortes d'articles, il avait remarqué qu'à ce coin-là le chiffre d'affaires battait de toute façon tous les records, que le vendeur soit Paul, Jacques ou Jean, qu'il vende des chaussures ou des mouchoirs...

C'est à Xavier Ruel que l'on doit le premier libre-service: 400 personnes pouvaient y manger en même temps pour 50 centimes.

Les Galeries Lafayette Haussmann dernier-né des grands magasins (1894) peuvent être fiers d'avoir été les premiers à utiliser entièrement le ciment armé. Les architectes Chedanne et plus tard Chenut ont fait les travaux de 1907 à 1912 avec un tel art de la décoration qu'une impression de chaleur lumineuse passant par une coupole de 30 m de diamètre dore la marchandise et donne envie à la clientèle d'acheter tout. 100 000 clients visitent tous les jours 90 rayons des Galeries Lafayette situés sur une surface de vente de 47000m2. L'effectif des Galeries Lafayette compte 4 017 personnes (37 ont moins de 35 ans) dont 657 cadres.

 

(O. Petrenko “Le Français”)